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Observations de Grace-Camille Munroe formulées à l’occasion du lancement de Rêves repoussés

Grace-Camille Munroe, Ph. D., a formulé les observations suivantes lors de la conférence de presse tenue le 27 mars 2025 à l’occasion du lancement de Rêves repoussés : plan d’action sur le racisme envers les Noirs en éducation


Madame la commissaire en chef Patricia DeGuire et son équipe de la Commission ontarienne des droits de la personne, et tous ceux et celles qui sont réunis avec nous en personne et en ligne, je vous salue dans un esprit de solidarité, de paix et d’amour.

C’est un honneur d’être devant vous à ce moment très marquant que constitue le lancement de Rêves repoussés, un rapport sur le racisme et la discrimination systémiques envers les Noirs dans le système d’éducation publique de l’Ontario.

Une bonne amie à moi qui se joint à nous aujourd’hui, Karen Murray, a déjà évoqué la tradition massaï de nos ancêtres. Quand un guerrier en rencontre un autre, il ne lui demande pas comment il va, mais plutôt « Kasserian Ingera? » : « Comment vont les enfants? »

C’est une question profonde, car elle reflète la valeur véritable d’une société – pas sa richesse ni sa puissance, mais la condition de ses enfants.

Si on répond : « Les enfants vont bien », cela veut dire que la communauté est florissante. Mais si les enfants ne vont pas bien, alors les guerriers, les Aînés, et toute la société doivent agir, car une société qui ne parvient pas à protéger, à élever et à faire s’épanouir ses enfants est à l’état de crise.

Alors aujourd’hui, nous demandons : Comment vont les enfants? Et c’est le cœur gros que nous répondons :

Les enfants ne vont pas bien. 

On dit souvent que l’éducation est un important facteur d’égalité. Or, pour de nombreux élèves noirs, les écoles sont des endroits où ont les exclut au lieu de les soutenir, où on leur inflige des torts raciaux au lieu de leur ouvrir des portes.

L’héritage du racisme envers les Noirs en éducation se manifeste dans de nombreux aspects de notre système, qu’il s’agisse de la ségrégation des enfants noirs dans les premières écoles ontariennes ou de la réalité d’aujourd’hui : mesures disciplinaires disproportionnées, cloisonnement, harcèlement racial et absence du curriculum.

Nous devons donc nous poser une question :

Que pourrait-on accomplir par une refonte de l’éducation pour que les écoles soient des lieux d’affirmation, d’habilitation et de libération?

C’est ce que propose ce plan d’action. C’est un appel à l’action qui invite à tenir compte des élèves noirs, à les soutenir sans réserve, et à leur donner les moyens de réussir, mais aussi de s’épanouir.

Ce travail est le fruit de la vision et de l’activisme de parents qui ont lutté pour protéger leurs enfants, d’élèves qui ont dit la vérité aux détenteurs de pouvoir, d’enseignantes et d’enseignants qui, au péril de leur carrière, ont réclamé l’équité, et d’universitaires dont les recherches ne laissent aucune place au doute.

Nous marchons dans les pas de géants comme Carl James, Karen Murray, Tana Turner et bien d’autres. Mais nous soulignons également l’apport des militants communautaires, connus et inconnus, qui ont travaillé sans relâche pour nous conduire là où nous sommes aujourd’hui.

Il est temps pour les détenteurs d’obligations et les dirigeants du système non seulement d’écouter, mais aussi d’agir, comme c’est leur devoir de le faire. 

Malgré un nombre incalculable de rapports, d’études et de recommandations, le racisme systémique envers les Noirs persiste, non pas parce que nous ignorons qu’il existe, mais parce qu’il nous manque la volonté d’agir. Le plan d’action réclame l’adoption obligatoire de politiques antiracistes, une responsabilisation transparente, un curriculum favorable à l’épanouissement des élèves noirs ainsi que l’embauche et le maintien en poste d’enseignantes et d’enseignants noirs, afin que les élèves se sentent reflétés et respectés. 
 
L’inaction n’est pas neutre; elle cause des préjudices. Elle pousse des élèves et éducateurs noirs hors du système, elle prive nos communautés et notre province du génie noir, du leadership noir et du potentiel noir. Nous devons donc agir avec urgence et courage, en nous appuyant sur notre souci commun de la justice. 

J’ai commencé en demandant : Comment vont les enfants? Aujourd’hui, la triste réalité est que nos enfants ne vont pas bien. Mais il est temps de refuser que cette réalité soit permanente. Rêves repoussés, ce plan d’action, n’est pas un simple document de politique; il nous invite à agir pour transformer notre douleur en détermination et mettre fin à la négligence systémique en apportant des changements durables. En nous engageant à réaliser ce plan, nous affirmons fermement que nos élèves noirs ne peuvent plus attendre pour réaliser leurs rêves et montrer leur génie.

Un système d’éducation juste n’est pas un rêve repoussé; c’est un droit, une obligation qu’il faut respecter. Comme l’a dit si bien un élève : « Mon rêve est de miser sur ce que j’ai appris ici pour changer ce système qui a tenté de me réduire au silence. Je veux améliorer les choses non seulement pour moi, mais aussi pour tous ceux qui viendront après moi. » 

Honorons cette vision, et quand on nous demandera comment vont nos enfants, nous n’aurons qu’une seule réponse : les enfants vont bien. 

Que cela soit notre héritage. Mettons-nous à l’œuvre, dans la paix et l’amour.