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Le droit de lire : Déclaration de la commissaire en chef de la CODP, Patricia DeGuire (2022)

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La commissaire en chef Patricia DeGuire a formulé les observations suivantes lors de la conférence de presse tenue le 28 février 2022, à l’occasion de la publication du rapport Le droit de lire.

Sous réserve de modifications

Bonjour à tous, et merci d’être à nos côtés aujourd’hui.

Aujourd’hui nous publions Le droit de lire, le rapport lié à l’enquête que nous avons menée sur les questions des droits de la personne qui touchent les élèves ayant des troubles de lecture dans le système d’éducation publique de l’Ontario. À l’heure actuelle, dans chaque classe d’une école publique de l’Ontario, il y a au moins un élève qui souffre de troubles d’apprentissage de la lecture.

Un élève de maternelle a honte, car il ne parvient pas à épeler son prénom alors que ses camarades en sont capables. Les parents d’un élève de troisième année s’inquiètent et cherchent désespérément à savoir pourquoi leur enfant ne sait pas lire, bien qu’on leur ait dit de ne pas s’inquiéter et qu’il rattraperait vite son retard.

Malheureusement, nous savons que ces élèves risquent de ne jamais apprendre à lire et d’être contraints d’occuper des emplois mal rémunérés tout au long de leur vie, ou pis encore, de créer un désavantage pour les générations à venir. Nos enfants et notre société méritent mieux que cela. C’est la raison pour laquelle le rapport sur l’enquête Le droit de lire appelle à un changement radical dans l’approche ontarienne de l’apprentissage précoce de la lecture.

Ce rapport associe le vécu des élèves, parents, enseignants et autres professionnels aux recherches et aux orientations produites par les experts dans le but de formuler des recommandations sur le curriculum et l’enseignement, le dépistage précoce, les mesures d’intervention, les mesures d’adaptation, l’évaluation professionnelle et les problèmes systémiques. Le rapport sur l’enquête Le droit de lire expose également de manière plus détaillée les raisons pour lesquelles l’apprentissage de la lecture est un droit de la personne fondamental et essentiel.

L’apprentissage de la lecture est indispensable pour développer un sentiment d’autonomie personnelle tout au long de la vie. Il permet de renforcer la confiance en soi, de favoriser l’accès à l’emploi et d’améliorer le bien-être physique, émotionnel et mental. Mais ce n’est pas toujours le cas; de nombreux facteurs contribuent à priver les élèves du droit égal à l’apprentissage de la lecture.

L’enquête a, par exemple, révélé que les écoles n’employaient pas d’approches fondées sur des données probantes pour enseigner l’apprentissage précoce de la lecture et que, par conséquent, les élèves ayant des troubles de lecture, ainsi que d’autres élèves n’arrivaient pas à apprendre à lire.

Les études montrent qu’au moins un tiers des élèves de l’Ontario quittent l’école sans avoir atteint le niveau de littératie que l’Organisation de coopération et de développement économiques juge nécessaire pour être pleinement « fonctionnel » dans l’économie d’aujourd’hui.

L’approche de l’Ontario en matière de dépistage des élèves ayant des difficultés de lecture est dépourvue d’uniformité, revêt un caractère ponctuel, et s’appuie essentiellement sur des évaluations de la lecture non fondées sur des données probantes. Nombre d’élèves concernés ne sont pas repérés à temps, voire pas du tout, ou n’obtiennent pas les mesures d’intervention précoce dont ils ont besoin. Et lorsque des mesures d’intervention efficaces existent, y accéder est difficile et, bien souvent, la demande est supérieure à l’offre.

En fin de compte, certains élèves présentent des troubles de lecture disproportionnellement plus élevés, avec le risque de causer un préjudice irréparable à leur avenir, à l’instar de ces élèves de maternelle et de troisième année.

Les études montrent que la corrélation entre le faible niveau de littératie et la marginalisation en matière d’emploi accroît le risque de souffrir de problèmes de santé mentale, de dépendance et d’itinérance, et de se retrouver aux prises avec le système de justice pour la jeunesse ou le système de justice pénale. Notre rapport sur l’enquête Le droit de lire décrit les moyens de prévenir ces conséquences.

Le rapport contient des recommandations pour aider les élèves à apprendre à lire et réduire les incidences négatives subies par les élèves, leur famille et la société dans son ensemble.

L’enquête était, entre autres, axée sur la lecture précoce des mots et les troubles de lecture tels que la dyslexie. Les recommandations profiteront également aux élèves ayant d’autres troubles, aux élèves noirs et racisés, aux élèves autochtones, aux élèves multilingues et aux élèves issus de milieux socioéconomiques moins favorisés.

Avec une approche systémique fondée sur des données probantes, nous pouvons prévenir l’échec de l’apprentissage de la lecture chez pratiquement tous les enfants. Au cours de l’enquête, nous avons commencé à appeler le gouvernement et les partenaires en éducation à opérer des changements substantiels. Nous publions ce rapport aujourd’hui, mais notre travail n’est pas terminé; nous continuerons de promouvoir le changement et de travailler avec les collectivités.

Par le passé, nous avons milité en faveur de changements systémiques bien après que les rapports aient été publiés, et nous ferons de même avec le rapport sur l’enquête Le droit de lire.

Aujourd’hui, la Commission appelle l’ensemble des partenaires du système d’éducation de l’Ontario à assumer les responsabilités et les obligations légales qui leur incombent en vertu du Code des droits de la personne de l’Ontario, et ce, en supprimant les barrières qui limitent les chances des élèves d’apprendre et de réussir à l’école.

Ce travail nécessitera la collaboration des partenaires afin d’assurer la mise en œuvre des changements à l’échelle du système; il nécessitera également un financement adéquat et durable. La Commission continuera de surveiller les progrès accomplis par le gouvernement et les autres partenaires en éducation afin d’encourager la mise en œuvre de ses recommandations. Mais la Commission ne peut faire tout cela seule.

Nous continuerons de plaider en faveur du changement et d’inciter les collectivités et les partenaires à nous aider à surveiller l’évolution des choses. La Commission est déterminée à faire en sorte que Le droit de lire ne soit pas qu’un autre rapport de plus, mais une véritable avancée dans l’amélioration de la littératie des élèves.

Soyons clairs : il ne s’agit pas de mettre en cause, d’accuser ou d’humilier qui que ce soit. Il s’agit d’aider tous les enfants à accéder à la littératie et à la liberté. Ce travail doit commencer dès maintenant. Les catalyseurs que sont la COVID-19 et le mouvement mondial de lutte contre le racisme envers les Noirs nous donnent la possibilité de repartir à zéro et de changer la culture des écoles et la manière dont la lecture y est enseignée. Élèves, familles et enseignants de l’Ontario comptent sur nous; nous ne pouvons nous permettre de les décevoir.