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Éditorial d'opinion sur TVO.org : Les craintes liées à la COVID-19 attisent les flammes du racisme à Kenora

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Mars 3, 2021

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« Les craintes liées à la COVID-19 attisent les flammes du racisme à Kenora » est un article d’opinion de la commissaire en chef, Ena Chadha, qui a paru sur TVO.org le 1er mars 2021.

Les craintes liées à la COVID-19 attisent les flammes du racisme à Kenora

Cet article d’opinion de la commissaire en chef, Ena Chadha, a paru sur TVO.org le 1er mars 2021.

Il y a un an, lorsque le monde a découvert l’existence de la COVID-19, la Commission ontarienne des droits de la personne a publié une déclaration dénonçant le harcèlement dont faisaient l’objet les Asiatiques de l’Est, qui étaient devenus des boucs émissaires considérés, à tort, comme porteurs du coronavirus. Au début de la deuxième vague de la pandémie, j’ai publié une déclaration condamnant la montée de la xénophobie et de la haine à l’échelle de l’Ontario, vraisemblablement liée aux craintes et à la fatigue associées à la COVID-19. Malheureusement, alors qu’une troisième vague semble inévitable et que le haut degré d’infectiosité des variants suscite une grande anxiété, la rhétorique alarmiste discriminatoire semble faire son grand retour et cibler certaines des populations les plus vulnérables.

Sinistres et inquiétants, les événements récents survenus à Kenora révèlent que certaines personnes se servent du stress et de l’insécurité liés à la COVID-19 comme d’un prétexte pour propager de fausses informations, attiser les craintes, stigmatiser des groupes déjà historiquement désavantagés et semer la méfiance à leur égard.

Le 10 février 2021, les chefs des Nations autonomes de Wabaseemoong ont informé le public que plusieurs membres de la collectivité avaient reçu un résultat positif au test de dépistage de la COVID-19. Un confinement, avec points de contrôle et couvre-feu, a immédiatement été mis en place dans cette collectivité d’environ 2 000 habitants située à approximativement 100 kilomètres au nord de Kenora. Le gouvernement et certains organismes locaux ont mobilisé des soutiens, et quelque 24 lits d’isolement ont été mis à disposition à Kenora pour les personnes qui n’étaient pas en mesure de s’isoler à Wabaseemoong.

Malheureusement, peu après cette éclosion, des messages désobligeants sont apparus sur les médias sociaux, accusant les habitants de Wabaseemoong de propager le virus, si bien que les cas de racisme se sont multipliés envers les membres de cette collectivité et les autres Autochtones qui cherchaient à obtenir des services à Kenora. Ces publications visant à semer la division reprochaient aux membres de la collectivité de Wabaseemoong qui s’isolaient à Kenora d’enfreindre les règles d’isolement et les accusaient d’être paresseux et désœuvrés et de contaminer des « personnes innocentes » qui devaient travailler, allant même, dans les cas les plus farfelus, jusqu’à affirmer qu’ils crachaient délibérément sur la nourriture dans les épiceries.

Ces allégations offensantes et fallacieuses ont rapidement été démenties par la société mère des deux épiceries citées dans les messages. Malgré leur suppression rapide, ces publications ont causé un préjudice important à une collectivité déjà confrontée à des tensions, à la défiance entre Autochtones et non-Autochtones, ainsi qu’à une éclosion de COVID-19. La CODP a appris que ces messages racistes ont accru les risques de mauvais traitements, de violence et de surveillance encourus par les Autochtones dans la région de Kenora; selon certaines allégations, des établissements commerciaux refuseraient même purement et simplement de servir les clients autochtones.

Ces actes de discrimination odieux doivent être condamnés. Les remarques ou les gestes préjudiciables à l’égard d’une personne en raison de sa race ou de son ascendance, ou bien parce qu’elle est perçue comme ayant la COVID-19, contreviennent au Code des droits de la personne de l’Ontario. Tout en respectant les directives de santé et de sécurité publiques, les propriétaires de magasins et les fournisseurs de services doivent traiter les gens respectueusement et ne peuvent pas exclure certaines personnes ou leur refuser des services sur la base de stéréotypes, de préjugés personnels ou de fausses informations.

Il est évident que le racisme systémique profondément ancré dans la société canadienne est exacerbé par la peur et les dissensions liées à la pandémie. Il semble également qu’en raison de l’éloignement physique et de la virtualisation des communications, certaines personnes se sentent, à tort, autorisées à exprimer leurs opinions sectaires sous couvert de soi-disant questions de sécurité et à dissimuler de manière peu convaincante leurs préjugés en invoquant des enjeux de santé publique. Comme le montre l’hostilité dont font l’objet les membres de la collectivité de Wabaseemoong, les croyances pernicieuses, la haine et le sentiment d’anonymat, tels une cocotte-minute, attisent l’animosité et causent de réels préjudices. La COVID-19 a mis en évidence l’insidiosité du racisme envers les Autochtones qui existe dans certaines parties de la province, et il incombe à chacune et chacun d’entre nous de le dénoncer explicitement. Garder le silence, c’est se rendre complice des mauvais traitements.

Ena Chadha est la commissaire en chef de la Commission ontarienne des droits de la personne.