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Lettre aux municipalités sur les conséquences néfastes des logos d'équipe sportive à référence autochtone

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Mai 13, 2019

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La CODP a écrit à 40 municipalités à propos des conséquences néfastes des logos d'équipe sportive à référence autochtone utilisés dans les installations sportives municipales.

Monsieur le Maire [ou Madame la Mairesse],

Notre lettre a pour but d’exhorter toutes les municipalités de l’Ontario à entreprendre des discussions avec les communautés autochtones à propos de l’utilisation de logos et de noms d’équipe à référence autochtone dans leurs installations sportives.

La Commission ontarienne des droits de la personne (CODP) est récemment intervenue dans une requête déposée auprès du Tribunal des droits de la personne de l’Ontario (TDPO) qui alléguait que l’emploi et l’affichage de logos et de noms d’équipe à référence autochtone dans les installations sportives de la ville de Mississauga étaient discriminatoires.

La CODP a mené des activités exhaustives de liaison avec les peuples autochtones pour en apprendre davantage sur les conséquences de ce genre de pratiques, et a obtenu directement le point de vue de jeunes de l’ensemble de la province par l’entremise du conseil de la jeunesse autochtone de l’Ontario Federation of Indigenous Friendship Centres. Nous sommes intervenus dans cette affaire pour mettre davantage en avant-plan les voix et perspectives des jeunes autochtones, et en lumière les conséquences néfastes des stéréotypes sur ces jeunes.

La CODP a conclu une entente de règlement avec la ville de Mississauga et le requérant. Dans le cadre du règlement, la ville de Mississauga s’est engagée à :

  1. retirer de ses installations sportives tous les symboles, noms, mascottes et images d’origine autochtone utilisés par des organisations sportives non autochtones
  1. élaborer une politique relative à l’utilisation d’images et de thèmes autochtones dans ses installations sportives, en collaboration avec différents groupes comme la Première Nation des Mississaugas de New Credit, le Peel Aboriginal Network, le conseil de la jeunesse autochtone de l’Ontario Federation of Indigenous Friendship Centres et Indigenous Sport and Wellness Ontario
  1. compléter sa formation sur la diversité et l’inclusion au moyen de matériel approfondi sur la réconciliation et les peuples autochtones.

La CODP communique actuellement avec les municipalités de l’Ontario pour leur demander de prendre des mesures équivalentes. Cette action s’inscrit dans le mandat de la CODP qui consiste à cerner, prévenir et éliminer les pratiques discriminatoires, mais aussi à promouvoir et à faire progresser le respect des droits de la personne en Ontario au moyen des vastes pouvoirs que lui confère le Code des droits de la personne.

Conséquences néfastes des stéréotypes sur la jeunesse autochtone

Les sports sont des moteurs d’intégration sociale; ils favorisent la cohésion sociale et l’estime de soi chez les jeunes. Nous reconnaissons que les municipalités sont déterminées à créer des environnements des plus inclusifs, favorables à l’adoption de modes de vie sains et actifs. À cette fin, la CODP et les municipalités ont pour but commun d’œuvrer à l’élimination des obstacles à la participation des jeunes autochtones aux activités sportives.

La CODP reconnaît que l’usage de logos et de noms d’équipe sportive à référence autochtone est depuis longtemps la norme dans notre société. Il est cependant temps de revoir ces images omniprésentes.

Le Code des droits de la personne de l’Ontario (Code) a pour objectif de créer un « climat de compréhension et de respect mutuel de la dignité et de la valeur de toute personne de façon que chacun se sente partie intégrante de la collectivité et apte à contribuer pleinement à l’avancement et au bien-être de la collectivité et de la province ». En tant que fournisseurs de services, les municipalités sont tenues aux termes du Code de créer un environnement de services libre de discrimination. Il a été reconnu en droits de la personne que les images et les mots qui rabaissent des personnes en raison de leur ascendance, de leur race, de leur couleur, de leur origine ethnique ou d’autres motifs précis contreviennent au Code.

Les images et les mots dégradants peuvent nuire considérablement à la capacité des personnes et des groupes visés de bénéficier pleinement des services offerts, par exemple en participant aux activités sportives en tant que joueurs ou que spectateurs. Ils peuvent également avoir d’autres conséquences sociales et psychologiques sur ces personnes et groupes, y compris des répercussions sur la façon dont ils sont perçus et traités par la collectivité.

Plus de 100 organisations professionnelles, dont l’American Psychological Association, ont adopté des résolutions officielles qui recommandent aux écoles, collèges, universités, équipes sportives et organisations d’éliminer immédiatement tous leurs logos et noms à référence autochtone. Ces résolutions reposent sur un nombre croissant de preuves empiriques à l’appui des conséquences néfastes de ces images. La littérature scientifique montre que les noms et logos à référence autochtone :  

  1. reprennent de façon erronée les pratiques culturelles et symboles spirituels sacrés;
  2. privent les peuples autochtones de toute emprise sur les définitions sociales du fait autochtone;
  3. entretiennent des stéréotypes à l’égard des personnes autochtones;
  4. créent un environnement hostile aux élèves et à d’autres personnes;
  5. nuisent au fonctionnement psychique des peuples autochtones (baisse de l’estime de soi et dévalorisation de la communauté).

Vous trouverez un résumé des recherches menées sur le sujet à l’Annexe A, le Rapport d’expert de Jesse A. Steinfeldt, psychologue du sport.

En 2015, le président de la Commission de vérité et réconciliation (CVR), l’honorable Murray Sinclair, a fait état des conséquences profondes qu’ont les stéréotypes dans le domaine du sport sur la jeunesse autochtone. 

Le Rapport final de la CVR présente les défis auxquels se heurtent les jeunes autochtones sur le plan de la construction de l’identité et décrit le rôle important que jouent les sports dans le développement de l’estime de soi. Les Appels à l’action de la CVR incluent un appel à l’adoption de politiques et de programmes sportifs favorisant l’inclusion des peuples autochtones.

La CVR plaide aussi pour l’inclusion du droit des peuples autochtones à l’autodétermination dans les institutions civiles d’une façon qui soit conforme aux normes et principes de la Déclaration des Nations Unies sur les droits des peuples autochtones. Comme l’affirmait le conseil de la jeunesse autochtone de l’Ontario Federation of Indigenous Friendship Centres : « Des communautés autres que les nôtres se sont trop longtemps chargées de définir les peuples autochtones… Nous sommes les mieux placés pour créer les images de l’identité autochtone ». Les communautés autochtones doivent être les maîtres de leurs propres images.

Prochaines étapes

Dans son plan stratégique, la CODP s’est engagée à maintenir avec les communautés autochtones des relations de confiance qui se fondent sur la dignité et le respect, et à s’efforcer de faire progresser la réconciliation et l’égalité matérielle, et ce, au moyen de son mandat et des pouvoirs qui lui sont conférés.

La CODP exhorte [nom de la municipalité] à commencer à éliminer les obstacles à la participation des peuples autochtones en collaborant avec différentes communautés autochtones à l’élaboration d’une politique sur l’usage des logos et noms à référence autochtone dans leurs installations sportives.

Nous avons identifié des organisations sportives qui utilisent des noms et (ou) des logos à référence autochtone (nom de l’organisation).

Nous croyons que la ville de Mississauga prend des mesures importantes pour faire preuve d’initiative et démontrer son engagement envers la réconciliation. Le règlement susmentionné trace un chemin positif pour les autres municipalités. 

Conformément à l’engagement de la CODP en matière de responsabilité publique et à ses obligations envers les Ontariennes et Ontariens, la présente lettre et votre réponse pourraient être rendues publiques.

Je vous remercie de l’attention que vous porterez à cette question.

Veuillez agréer, Monsieur le Maire [ou Madame la Mairesse], l’expression de mes sentiments les meilleurs.

La commissaire en chef de la Commission ontarienne des droits de la personne,

Renu Mandhane, B.A., J.D., LL.M.
 

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