Les femmes constituent la moitié de la population active de l’Ontario. Or, des planchers d’usine aux salles de conférence, la triste réalité veut qu’elles continuent de gagner moins que les hommes. Les femmes qui sont racialisées, jeunes, âgées, seul soutien de famille, croyantes, handicapées ou toxicomanes, et celles qui s’occupent de parents vieillissants, se heurtent à un fossé salarial encore plus grand.
L’Ontario Equal Pay Coalition a nommé le 19 avril la Journée de l’équité salariale en Ontario. La Journée de l’équité salariale reconnaît l’existence d’une discrimination persistante à l’endroit des membres de la population active de sexe féminin qui entraîne un fossé salarial considérable entre les hommes et les femmes. Sur le marché du travail, le salaire des femmes est en moyenne 29.4 % inférieur à celui des hommes. La date du 19 avril revêt un sens particulier en ce qu’elle marque le nombre de jours de travail requis durant une nouvelle année pour que les femmes atteignent l’équivalent du salaire gagné par leurs homologues masculins l’année précédente, c’est-à-dire 110 jours.
À l’échelle mondiale et ici en Ontario, la société continue de déprécier la contribution des femmes au marché du travail. ONU Femmes a lancé un appel à l’action en mars dernier pour combler l’écart salarial entre les sexes et œuvre à la formation d’une coalition internationale en vue de réaliser des progrès d’urgence en matière d’équité salariale. L’écart salarial entre les sexes constitue l’une des grandes préoccupations du nouveau Panel de haut niveau du Secrétaire général de l’ONU sur l’autonomisation économique des femmes.
La Loi sur l’équité salariale de l’Ontario a été promulguée en 1987, il y a près de 30 ans, pour éliminer la discrimination salariale systémique à laquelle se heurtent les femmes. Plus récemment, le gouvernement de l’Ontario s’est engagé à élaborer une stratégie relative à l’écart salarial entre les sexes pour étudier les méthodes systémiques possibles de résolution de ce problème complexe. Mais le fossé salarial demeure et les mesures gouvernementales à elles seules ne réussiront pas à le combler.
La résolution de cette question et discrimination intersectionnelle nuancée et multidimensionnelle exige des efforts continus, une approche exhaustive et la participation du gouvernement, des employeurs, des secteurs industriels et des services, et oui, du système des droits de la personne.
Dans un premier temps, la société doit reconnaître que l’écart salarial entre les sexes est le résultat d’une discrimination systémique persistante à l’endroit des femmes. Le Code des droits de la personne de l’Ontario vise la création de sociétés équitables où tout le monde a le droit à un traitement égal sans discrimination ou harcèlement fondé sur 17 caractéristiques personnelles ou motifs, y compris le sexe. L’écart salarial entre les sexes ne respecte pas les objectifs et valeurs sur lesquels repose le Code. En ce sens, l’équité salariale constitue un droit de la personne fondamental.
Le Code prévoit des mécanismes pour régler les situations individuelles de discrimination salariale fondée sur le sexe. Les femmes peuvent déposer des requêtes par l’entremise du système de droits de la personne ou de la Commission de l’équité salariale de l’Ontario. Malheureusement, dans la plupart des cas, les femmes obtiennent uniquement réparation uniquement après que le tort a été fait.
En 2016, les femmes ne devraient pas devoir se battre pour être payée à leur juste valeur.
L’adoption de mesures concrètes à long terme pour éliminer l’écart salarial entre les sexes exige un leadership véritable. Un livre blanc publié par la Human Resources Professionals Association (HRPA) présente des idées intéressantes sur la façon d’assurer un tel leadership. Le document inclut des recommandations à l’intention des gouvernements et franchit un pas essentiel de plus en insistant sur le rôle clé que doivent jouer les employeurs et les mesures qu’ils doivent prendre pour assurer l’équité salariale.
La Commission ontarienne des droits de la personne fera sa part pour dénoncer l’écart salarial entre les sexes et le présenter comme une question de droit de la personne. Mais des administrations gouvernementales aux planchers d’usine, nous avons tous la responsabilité d’examiner les systèmes en place et les préjugés qui perpétuent cet écart. Nous n’arriverons pas à apporter les modifications sociétales requises pour que les femmes n’aient pas à travailler 110 jours de plus que les hommes afin de gagner le même salaire tant que nous n’aurons pas, collectivement, la volonté d’appuyer l’égalité des femmes dans tous nos milieux de travail.
La Commissaire en chef de la Commission ontarienne des droits de la personne,
Renu Mandhane, B.A., J.D., LL.B.