Réorienter et redéfinir la croyance

Persistance de la discrimination religieuse

De nombreux Canadiens et Canadiennes pensent que la discrimination religieuse n’est plus un problème dans la société contemporaine. Ils soulignent que le « multiculturalisme », les récents efforts pour promouvoir la réconciliation avec les Premières Nations, les Métis et les Inuits, ou encore l’empressement des Canadiens et Canadiennes à accueillir des réfugiés syriens sont la preuve que nous avons retenu les leçons énoncées dans la Déclaration universelle des droits de l’homme des Nations Unies.

Pourtant, au Canada, des personnes continuent se faire harceler, voire agresser, en raison de leur religion. Une mosquée a été incendiée, des femmes portant le hijab ont été victimes de harcèlement, et des slogans antisémites ont été inscrits sur des synagogues. Bien que ces actes de haine puissent être l’œuvre d’une minorité, l’islamophobie perdure.

Certes moins extrêmes, mais probablement plus répandus que les attaques ouvertes, de nouveaux stéréotypes cataloguent toutes les personnes religieuses comme intrinsèquement arriérées, moins tolérantes, moins informées ou fermées d’esprit. Dans notre société plus laïque, cette autre forme de préjugés semble socialement acceptable pour de nombreuses personnes autrement « progressistes » ou « libérales ».

Bien sûr, cela ne signifie pas que nous ne pouvons pas être critiques envers notre propre religion, notre confession, nos croyances ou celles des autres, ou envers la religion en général; la liberté de pensée et d’expression est à juste titre protégée en vertu de la Charte des droits et libertés. Néanmoins, une critique légitime de la croyance ne peut pas mener au harcèlement ou à tout autre traitement discriminatoire dans les domaines sociaux protégés (emploi, logement, services, contrats, syndicats), ni servir de prétexte au non-respect de l’obligation légale de tenir compte des croyances et des pratiques connexes sincères, ni donner lieu à des discours de haine ou à des actes haineux interdits par le Code criminel.

Étant donné la place centrale qu’occupent les débats sur la religion dans l’esprit de nombreuses personnes, il est particulièrement significatif que la CODP a lancé une version révisée de sa Politique sur la prévention de la discrimination fondée sur la croyance, le 10 décembre, à l’occasion de la Journée internationale des droits de l’homme. Cette politique constitue un important pas vers un Ontario plus ouvert et inclusif, où les différences sur le plan des convictions profondes, qu’elles soient religieuses, athées ou autres, sont valorisées, respectées et prises en compte. En un mot, la politique protège tout le monde.

Une nouvelle politique sur la croyance pour refléter la réalité complexe actuelle

Le 10 décembre 2015, à l’occasion de la Journée internationale des droits de l’homme, la CODP a publié sa nouvelle Politique sur la prévention de la discrimination fondée sur la croyance. La politique reconnaît la longue histoire de la discrimination religieuse au Canada. Elle reflète les enjeux actuels et l’évolution de la jurisprudence, et offre des renseignements étoffés sur des questions comme la spiritualité autochtone et le profilage fondé sur la croyance. La croyance inclut la religion dans son sens large et peut inclure d’autres systèmes de convictions non confessionnelles qui, comme la religion, influencent sensiblement l’identité, la vision du monde et le mode de vie d’une personne.

La CODP a élaboré la politique après avoir effectué des recherches approfondies, mené un sondage auprès du public, dialogué avec différentes organisations religieuses, académiques, juridiques et communautaires, et publié les résultats obtenus.

La CODP a également préparé une liste de vérification sur la croyance et l’obligation d’accommodement, ainsi que d’autres ressources à l’intention des employeurs, des locateurs et des fournisseurs de services. Elle a commencé à fournir des séances de formation à des groupes aux quatre coins de la province pour les aider à respecter les obligations qui leur incombent en vertu du Code.

Lancement de la Politique sur la prévention de la discrimination fondée sur la croyance

Renu Mandhane a prononcé l’allocution d’ouverture lors du lancement de notre Politique sur la prévention de la discrimination fondée sur la croyance, coorganisé par le Centre multiconfessionnel de l’Université de Toronto. Elle a notamment souligné que la liberté religieuse était à l’origine du mouvement mondial des droits de la personne. (Discours complet disponible)

Une nouvelle année, un nouveau chez-soi pour les réfugiés

Dans sa déclaration d’accueil aux réfugiés syriens en Ontario, la commissaire en chef Renu Mandhane a rappelé que le Code interdit la discrimination fondée sur le lieu d’origine et la religion d’une personne, entre autres motifs. Elle a commenté : « La CODP collabore avec des groupes communautaires pour faire en sorte que les stéréotypes et la discrimination ne nuisent pas à la capacité des nouveaux arrivants de se loger et de se nourrir ».

Les stéréotypes de la race, de la religion, de l’ethnicité et du pays d’origine sont utilisés comme des critères de substitution pour le profilage racial exercé dans le cadre de la guerre contre le terrorisme. Les musulmans d’ascendance arabe, sud-asiatique et africaine sont déjà perçus comme des risques à la sécurité nationale en raison de leur appartenance à ces communautés, comme l’affaire Maher Arar l’a très clairement démontré.

– Uzma Jamil, Dialogue sur la politique concernant le profilage racial

Honorer la mémoire des victimes de l’Holocauste est un rappel important du travail à accomplir pour éradiquer le racisme

Dans un communiqué publié à l’occasion de la Journée internationale dédiée à la mémoire des victimes de l’Holocauste, Renu Mandhane a appelé les Ontariennes et les Ontariens à se souvenir du génocide qui a eu lieu au cours de la Seconde Guerre mondiale et à honorer la mémoire des victimes en exprimant leur solidarité face aux préjugés, aux stéréotypes et à la discrimination qui perdurent à l’heure actuelle.

Contact entre personnes de sexe opposé et droits de la personne contradictoires

Parfois, une personne peut demander des mesures d’adaptation religieuse de manière à n’avoir aucun contact ou à avoir des contacts réduits avec les membres du sexe opposé lors de la réception d’un service, dans le logement ou au travail. L’énoncé de politique de la CODP sur les mesures d’adaptation liées à la croyance et aux contacts avec le sexe opposé peut aider les organismes à gérer ce type de plaintes en matière de droits de la personne contradictoires.

Voici quelques-uns des éléments figurant dans l’énoncé de politique :

  • Lorsqu’une mesure d’adaptation a un impact négatif sur autrui, les organismes devraient avoir recours à une analyse des droits contradictoires prévue dans la Politique sur les droits de la personne contradictoires de la CODP.
  • Chaque situation mettant en jeu des droits contradictoires doit être évaluée en tenant compte de tous les faits pertinents. Le contexte est primordial : de légers changements apportés aux faits peuvent déboucher sur une analyse différente de la situation impliquant des droits contradictoires, et donc sur des résultats différents.
  • Les personnes qui souhaitent obtenir des mesures d’adaptation qui restreignent les interactions entre les hommes et les femmes devraient en général donner un préavis aux organismes.
  • Il est particulièrement important de donner un avis lorsque la demande de mesures d’adaptation risque d’avoir une incidence négative sur les droits d’autrui.

Les organismes ont le devoir de garantir le respect des droits de la personne pour tous. Ils doivent trouver un moyen de prendre en compte la croyance d’une personne. Ils doivent aussi protéger et préserver le droit des femmes à participer de manière égale à la société. De ce fait, les mesures d’adaptation sont parfois limitées ou tout à fait impossibles.

Une campagne publique pour éliminer l’islamophobie et la discrimination fondée sur la race et la croyance

Pour rappeler au public nos obligations collectives en matière de droits de la personne, la CODP mène actuellement une campagne de lutte contre le racisme et l’islamophobie, laquelle est pilotée par une équipe dévouée de partenaires communautaires. Ces partenaires comprennent l’Ontario Council of Agencies Serving Immigrants (OCASI), le Conseil national des musulmans canadiens (CNMC), l’Institut canado-arabe et le ministère des Affaires civiques, de l’Immigration et du Commerce international de l’Ontario. Mass Minority fournit des services de conception à titre gracieux.

Cette campagne et ce programme de sensibilisation consistent notamment à rappeler aux locateurs, aux employeurs et aux fournisseurs de services qu’ils ont l’obligation de n’exercer aucune discrimination fondée sur la religion ou la race.

Convention « Reviving the Islamic Spirit » (Ranimer l’esprit islamique)

Le 26 décembre 2015, Renu Mandhane a participé à cette conférence internationale, à laquelle plus de 10 000 personnes ont assisté. (Discours complet disponible)