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Agressions contre des pêcheurs canadiens d’origine asiatique

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Au cours de l’été et de l’automne 2007, plusieurs incidents sérieux ont été signalés aux autorités relativement à des agressions contre des pêcheurs canadiens d’origine asiatique dans le sud et le centre de l’Ontario :

  • le 27 avril, à Georgina : un homme et son fils de 13 ans étaient en train de pêcher sur l’avenue Malone lorsque deux hommes se sont approchés d’eux et ont poussé le fils dans l’eau. Un homme de 72 ans a également été poussé et son matériel de pêche a été endommagé.
  • Le 22 juillet, à Georgina : un groupe de pêcheurs a été approché par un autre groupe qui a poussé l’un des pêcheurs dans l’eau.
  • Le 5 août, à Georgina : un groupe de pêcheurs se trouvant sur le pont Mossington a été approché par un homme qui a poussé un pêcheur dans l’eau.
  • Le 6 août, à Georgina : un groupe de personnes en train de pêcher sur le pont Mossington a été approché par un homme qui a poussé un pêcheur dans l’eau.
  • Le 18 août, à Georgina : un homme en train de pêcher sur le pont Mossington a été approché par deux personnes et a été poussé dans l’eau par derrière.
  • Le 28 août, sur le pont du passage Gannon : un pêcheur a été poussé dans l’eau.
  • Le 15 septembre, à Westport : trois pêcheurs ont été agressés par cinq hommes sur un pont situé sur la County Road 36 et ont été légèrement blessés.
  • Le 16 septembre, à Georgina : des pêcheurs se trouvant sur le pont Mossington ont été approchés par un groupe d’hommes qui a poussé deux des pêcheurs dans l’eau. Dans les événements qui ont suivi, un des pêcheurs a été très grièvement blessé.
  • Le 29 septembre, à Westport : trois pêcheurs ont été menacés par quatre hommes.
  • Le 30 septembre, à Coboconk : un pêcheur a été agressé.
  • Le 25 octobre, à Hastings : des insultes racistes visant les Canadiens d’origine asiatique qui avaient été peintes sous un pont de la Trent Severn Waterway ont été découvertes.

À la suite de plusieurs de ces incidents, des plaintes ont été déposées.

En plus de ces incidents, la commission d’enquête a reçu six rapports faisant état d’agressions contre des pêcheurs, y compris la déposition d’une personne impliquée dans l’un des incidents signalés aux autorités. Certaines dépositions faisaient état d’incidents multiples. La commission d’enquête a également reçu des dépositions de personnes racialisées habitant dans les régions où les incidents se sont produits et qui souhaitaient faire part de leur inquiétude en ce qui a trait aux comportements et incidents à caractère discriminatoire constatés dans ces régions.

À partir à la fois du récit des incidents visant des pêcheurs canadiens d’origine asiatique et des dépositions faites par des personnes exprimant leur frustration face à de mauvaises habitudes de pêche, il est clair que de nombreux conflits voient le jour relativement aux activités de pêche autour des quais, des ponts et des jetées. Relativement peu de récits/de dépositions ont fait état de problèmes entourant la pêche en bateau. Les espaces publics entourant les quais, les ponts et les jetées font l’objet de plus de rivalités. Les personnes qui pêchent à ces endroits ne sont pas seulement plus visibles, elles sont également plus susceptibles d’être harcelées et agressées.

La nature de ces incidents variait de l’agression verbale à la destruction de matériel de pêche, en passant par le jet de pierres et l’agression physique. À titre d’exemple, un individu a expliqué comment, alors qu’il était en train de pêcher seul sur l’île Petre, à Orleans, près d’Ottawa, quatre jeunes hommes ont proféré des injures racistes à son encontre, telles que « fxxking back to xxx » (« va te faire fxxx, retourne en xxx ») et ont jeté une pierre dans l’eau en face de lui.

Cela fait plusieurs années que je pêche en bateau sur le lac Rice, du début d’octobre à la mi-novembre. Au cours de ce mois et demi, à deux reprises en moyenne, un homme... sort de sa maison et crie qu’un exxx de Chinois (parfois un exxx de Vietnamien ou un exxx de Coréen) envahit son jardin. (n°9)

Un autre incident a eu lieu dans une petite ville du nom de Bewdley, sur le lac Rice; il y a un parc avec un quai accessible au public, à côté du magasin LCBO. Un jour, j’ai vu un homme âgé d’origine chinoise qui pleurait. Je me suis approché pour lui demander ce qui s’était passé. Le vieil homme m’a expliqué que deux adolescents blancs s’étaient approchés de lui et avaient donné un coup de pied dans sa boîte d’appâts, la faisant tomber dans le lac, et qu’il ne pouvait par conséquent plus pêcher. (n° 9)

Certains des récits d’agressions contre des pêcheurs canadiens d’origine asiatique ont été racontés par des témoins ou des amis blancs.

En août dernier, mon ami, qui est d’origine chinoise, et moi-même étions en train de pêcher près du canal, ici, sur le terrain accessible au public. Nous avons été chassés par des résidents de la localité... Lorsque je leur ai dit que nous nous trouvions sur un terrain accessible au public, [l’un d’eux] a menacé de nous pousser dans le lac et nous a dit : « Si vous ne partez pas maintenant, vous finirez dans l’eau ». Nous sommes partis car nous ne voulons pas avoir de problèmes. (n° 7)

L’été dernier, mon collègue de travail a été approché par un groupe d’hommes non asiatiques dans un petit bateau de pêche alors qu’il pêchait à partir d’une jetée, à proximité du port de Goderich. Cela faisait pas mal de temps qu’il pêchait là seul lorsque le bateau s’est approché de lui et a jeté une ancre. Les hommes ont alors commencé à l’agresser verbalement en proférant des menaces qui étaient visiblement à connotation raciste... Au vu de la personnalité de mon collègue de travail et sachant que j’ai travaillé avec lui pendant bien plus de 10 ans, il est clair que ce qu’il m’a décrit était une agression à caractère raciste. (n°6)

Un homme d’origine turque a raconté comment une confrontation tout à fait bénigne a commencé à mal tourner lorsque son accent a révélé qu’il était un « étranger ».

Chacun des dépositaires a insisté sur le fait que les agressions avaient, selon lui, une connotation raciste. Dans la majorité des incidents, des insultes à caractère raciste ont été proférées.

Les excuses invoquées par les agresseurs, telles que « la protection des ressources », sont complètement risibles et profondément malhonnêtes. Ces personnes agressent des pêcheurs munis d’un permis et respectueux des lois. La vérité est que les personnes qu’ils visent ont une certaine couleur de peau et une forme du visage caractéristique. Si ce n’est pas une agression à caractère raciste, de quoi s’agit-il alors? (n° 8)

Dans la plupart des cas, les personnes qui signalent des cas d’agression à caractère raciste n’ont pas effectué de démarches pour communiquer avec les autorités. Un homme a fait part de son impuissance : « il n’y avait rien que je puisse faire ». Une femme a expliqué qu’elle n’avait pas communiqué avec les autorités car elle avait peur de subir des représailles. Un homme en direction duquel des pierres ont été jetées et à l’encontre duquel des insultes à connotation raciste ont été proférées a déclaré :

Ayant peur d’être agressé encore davantage, j’ai choisi de ne pas répliquer et ils sont partis visiblement très satisfaits. (n° 8)

Ces incidents affectent certaines des personnes visées de manière importante. Certaines personnes ont indiqué qu’elles ne pêcheraient plus jamais dans les collectivités où elles ont été agressées :

Je ne suis jamais retourné pêcher à Peterborough depuis. J’ai peur que certains d’entre eux me poussent dans le lac. (n°5)

D’autres personnes ont envisagé de modifier leurs habitudes de pêche; elles évitent par exemple de pêcher seules ou veillent à avoir un téléphone cellulaire en leur possession :

J’ai peur d’aller pêcher seul. Je veillerai à ce que mes amis soient à mes côtés avant d’aller pêcher à Rice Lake et dans les environs. (n°9)

En plus du traumatisme immédiat qu’elles causent, ces agressions sont une source de grande inquiétude pour les victimes directes, mais aussi pour leurs amis et les membres de leurs familles :

Lorsque j’ai entendu cette histoire, j’étais très troublé. J’ai peur qu’il puisse être blessé un jour. En particulier si cela se produit alors que sa petite fille l’accompagne. (n°6)

L’incident a durement affecté mon fils psychologiquement, la personne hospitalisée étant son ami d’enfance... À cause du traumatisme qu’il a subi, il n’arrive pas à dormir la nuit, quoiqu’il soit traité par des professionnels de la santé. Ma femme fait également de nombreux cauchemars à cause de cela. Elle se réveille souvent la nuit en criant le nom de mon fils. (n°4)

Certaines des dépositions ont souligné l’impact que ces agressions avaient eu sur la collectivité des pêcheurs canadiens d’origine asiatique dans son ensemble.

Aucune personne d’origine asiatique ne se sent en sécurité lorsqu’elle va faire de la pêche sportive. Ce n’est pas la première fois que des incidents de cette nature se produisent. Pourquoi la police n’a-t-elle pas agi avant qu’une personne ne perde presque la vie? (n°4)

Il y a désormais un climat de peur à cause de ces incidents. Dans les faits, les minorités visibles d’origine asiatique ne sont pas libres de vivre en tant que citoyens égaux et de profiter des avantages offerts par la collectivité. (n° 15)

Plus fondamentalement, la foi que plaçaient certaines personnes dans la capacité du Canada à honorer les valeurs qu’il défend a été ébranlée :

Le Canada, en tant que pays ayant adopté la politique du « multiculturalisme », devrait s’efforcer davantage de protéger les droits de la personne et de surveiller les criminels coupables de délits à caractère raciste. (n° 8)

Jusqu’à présent, et même si je constate que des progrès très positifs ont été réalisés, il me semble que les enjeux les plus importants ne sont pas abordés – on a le sentiment que le problème se situe du côté des victimes, un point de vue très inquiétant... Je peux vous dire que si ces actes ne sont pas condamnés rapidement et avec sévérité, la haine va véritablement gagner du terrain, à cause du silence de la société. (n°15)

Le sentiment profond de vulnérabilité et de préjudice qui peut résulter de ce type d’événements ne tombe pas rapidement dans l’oubli et peut avoir un impact à long terme sur le sentiment de sécurité et d’intégration de la communauté touchée.

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