On peut lire les progrès réalisés par rapport aux engagements pris au tableau de l’Annexe C.
Pour faire état des progrès réalisés par chaque organisme par rapport aux engagements que celui-ci avait pris, la Commission a tenu compte des questions suivantes :
La majorité des organismes qui ont participé à l’enquête ont mis en œuvre ou ont commencé à mettre en œuvre ce qu’ils avaient promis. Dans l’ensemble, les organismes ont pris un bon départ pour établir un filet de sécurité et un système d’intervention en cas d’incidents racistes. Il reste encore, néanmoins, du travail à accomplir pour s’assurer que l’élan pris dans le cadre de ces initiatives se poursuive. Le gouvernement a le vaste mandat de régler les dossiers sur la sécurité publique et l’intérêt général. À la suite de l’enquête, tous les ministères se sont rangés au côté de la Commission, certains faisant preuve d’une ardeur considérable pour régler ces questions, comme le ministère des Richesses naturelles, d’autres se montrant plus lents à réagir. Le message du MRN qui accompagne les règlements de la pêche 2009 témoigne d’une volonté accrue de reconnaître l’existence d’une discrimination raciale dans la pêche sportive et fait comprendre sans ambages à la population que celle-ci ne sera pas tolérée. D’autres ministères peuvent étayer ces accomplissements en tenant en temps utile leurs engagements et en s’assurant que les initiatives de lutte contre la discrimination et le racisme continuent de s’inscrire dans leurs travaux réguliers.
En outre, certains organismes ont commencé à encourager ou à consolider des partenariats pour lutter contre le racisme et les crimes haineux. Ainsi, à la suite de l’Enquête sur les agressions contre les pêcheurs canadiens d’origine asiatique, la Police provinciale de l’Ontario et la PRY se sont rapprochées et ont tissé des liens plus étroits dans le dossier des crimes haineux. Les comités des relations raciales et les comités de lutte contre les crimes haineux de Peterborough et de la région de York collaborent à de futures initiatives avec la police, des représentants du gouvernement (MPG et MRN) et des éducatrices et éducateurs.
Voici quelques exemples des interventions globales de certains organismes face au problème :
Exemple no 1 :
Cité de Kawartha Lakes
Exemple no 2 :
Ville de Georgina
Exemple no 3 :
Police de la région de York
Depuis l’enquête, la PRY s’est lancée dans plusieurs autres initiatives :
La Police provinciale de l’Ontario a également fait sa part distincte, en insérant entre autres dans sa formation sur les enquêtes des crimes motivés par la haine destinée à tous les policiers de première ligne, des exemples des attaques contre les pêcheurs. À la suite de l’enquête, le Kawartha Pine Ridge District School Board a de son côté rapidement réagi (avant la fin de l’année scolaire 2007-2008) en organisant des séances sur les crimes haineux dans les écoles. Bien qu’il ne lui ait pas été demandé de prendre des engagements, le Comité des relations raciales de Peterborough, quant à lui, s’est montré très prompt à réagir au problème en organisant des conférences de presse et une coalition communautaire.
Toutes ces initiatives marquent le début d’une meilleure coordination des interventions dans les collectivités en cas d’actes motivés par la haine et de discrimination.
La Commission applaudit les nombreux organismes qui, malgré des délais très courts, ont immédiatement pris des mesures et ont établi des plans d’action, en particulier en ce qui concerne les initiatives systémiques et à long terme. On trouve à l’Annexe C d’autres commentaires de la Commission ou ses recommandations sur le suivi des engagements.
Dans son dernier rapport, Pêcher sans crainte, la Commission montrait l’importance de qualifier le racisme. Comme une stigmatisation considérable s’attache aux allégations de racisme, on a tendance à en nier l’existence [4]. Dans le même ordre d'idées, quand il s’agit de mettre en œuvre des initiatives de lutte contre le racisme à l’échelle de l’organisme, certaines organisations semblent avoir du mal à continuer à se concentrer sur cette lutte dans leur plan d’exécution. Il faut que les organismes se concentrent sur des stratégies antiracistes réalistes, bien pensées, s’accompagnant des ressources voulues et qu’elles peuvent évaluer et surveiller pour en déterminer les effets.
En raison de la tendance généralisée de la société à nier le racisme, même des initiatives de lutte contre le racisme bien intentionnées, faute d’avoir l’appui inconditionnel de l’organisme et de s’accompagner de ressources, seront escamotées du programme. En général, des initiatives mal formulées, mises en œuvre qu’à moitié, manquant de ressources, qui ne sont pas convenablement représentées par des personnes appartenant à des communautés racialisées ou que ces dernières ne sont pas suffisamment consultées à leur propos, ou encore des initiatives qui n’ont comme objectif que la « diversité » au lieu de la lutte contre le racisme, ne sont pas vraiment susceptibles d’atteindre leur but, soit éliminer la discrimination [5].
La Commission se tient à la disposition de tous les organismes ayant participé à l’enquête pour les aider à préciser leurs objectifs et projets de façon que leurs promesses s’incarnent dans des initiatives utiles, axées sur l'avenir et servant les objectifs généraux, à savoir l’élimination du racisme et de la discrimination.
Il faut noter que les recommandations émises pendant toute l’enquête visaient à répondre rapidement à une série d’incidents graves et à aider les organismes à commencer à se pencher sur les grandes questions du racisme dans la sphère publique. Ces recommandations ne constituent pas un cadre provincial complet pour combattre les actes motivés par la haine, contrairement à celles du rapport que le Groupe de travail communautaire pour la lutte contre les crimes haineux a présenté au gouvernement provincial en 2006 [6]. La Commission encourage le gouvernement provincial de continuer à mettre complètement en œuvre les multiples recommandations que fait le Groupe de travail communautaire pour la lutte contre les crimes haineux dans son rapport afin de favoriser des changements importants dans l’univers des crimes motivés par la haine.
Autre rapport notable publié en 2008 : le rapport de l’Examen des causes de la violence chez les jeunes de l’honorable Roy McMurtry et d’Alvin Curling, qui confirme avec force que l’Ontario doit aborder le problème du racisme tant individuel qu'institutionnel. Comme, par essence, le racisme aliène et mine l’estime de soi, les auteurs le lient à d’autres facteurs de risques de violence chez les jeunes, ainsi qu’à la pauvreté et à des problèmes dans le système d’éducation.
[3] Une organisation antiraciste n’est pas un organisme dans lequel le racisme n’existe pas. C’est par contre un organisme qui lutte de façon proactive contre le racisme sous toutes ses formes. Elle procède de l’opposition et s’attaque au racisme au niveau organisationnel et individuel. Dans les organismes antiracistes, l’engagement se fonde sur l’admission de l’existence du racisme, de sa manifestation sous différentes formes aux niveaux individuel, institutionnel et systémique et de son ancrage dans la culture de masse du groupe dominant. L’antiraciste commence par accepter que les perceptions des [personnes racialisées] sont bien réelles et qu’un seul événement peut comporter une multiplicité de réalités. [Traduction libre] Carol Tator, Francis Henry et Winston Mattis, et al., The Colour of Democracy: Racism in Canadian Society. 2e édition (Toronto Ontario: Nelson, 1998) aux pages 378-379.
[4] Commission ontarienne des droits de la personne (2005). Politique et directives concernant le racisme et la discrimination raciale. (Toronto: Imprimeur de la Reine pour l'Ontario, 2005) à l’alinéa 2.2.1. Également disponible en ligne à www.ohrc.on.ca.
[5] Tator et al. (1998) affirment que la résistance aux initiatives antiracistes prend de nombreuses formes, dont hésitation à créer une vision antiraciste, manque d’engagement, politiques inadaptées, formation inappropriée, absence de représentation, mécanismes de surveillance et d’évaluation inefficaces, mesures symboliques, ressources insuffisantes, manque de responsabilisation des organismes et discours trompeurs du groupe dominant, supra note 3 à la page 356. [ [Traduction libre] Ainsi, comme le note la Commission dans son document Politiques et directives sur le racisme et la discrimination raciale à propos des initiatives de formation (ou d’autres initiatives), « une formation qui met l’accent sur la « sensibilité culturelle », la « conscientisation raciale » ou la « tolérance », ne saurait opérer de véritables changements, puisqu’elle ne vise pas la dynamique du racisme et réduit la discrimination raciale à de simples malentendus d’ordre culturel » supra note 4 à l’alinéa.7.3.1.
[6] Groupe de travail communautaire pour la lutte contre les crimes haineux, supra note 2.