La pêche sportive en Ontario

La pêche sportive peut être une activité communautaire ou familiale appréciée. C’est aussi une façon d’apprécier la nature dans toute sa splendeur. Le tourisme associé à la pêche offre également d’importants débouchés économiques à de nombreuses collectivités ontariennes. La pêche sportive n’est bien entendu que l’un des nombreux sports aquatiques qu’apprécient les Ontariennes et les Ontariens. Les résidents de la localité, les résidents saisonniers et les excursionnistes se partagent tous l’utilisation des lacs, rivières et autres voies d’eau du sud et du centre de l’Ontario.


La déposition d’un individu en charge, à titre officiel, de l’une des voies d’eau à proximité de laquelle de nombreuses agressions ont été signalées donne une perspective assez large des conflits entourant l’accès aux sports aquatiques. Cette personne a fait remarquer qu’il y a eu une augmentation du niveau de stress et des rivalités autour de l’utilisation des voies d’eau accessibles aux excursionnistes en provenance de la Région du Grand Toronto. Ces derniers sont de plus en plus nombreux et la demande en matière d’accès à l’eau excède l’offre. Cela est accentué par la tendance actuelle qui veut que les établissements destinés aux familles soient remplacés par des lieux de vacances et des chalets plus luxueux. Certains des conflits sociaux sont liés à l’incompatibilité de certaines activités récréatives - par exemple, entre la pêche nocturne, le mouillage des bateaux la nuit et le camping. Cette personne a insisté sur le fait que bien que le racisme soit clairement un facteur des événements qui se sont produits, il voit le jour dans le contexte plus large des conflits sociaux entourant l’accès aux ressources. Ces enjeux sous-jacents doivent être résolus pour qu’il puisse y avoir un apaisement des tensions.


Ces observations sont corroborées par l’accent qui est mis dans de nombreuses dépositions, non pas sur la protection de l’environnement, mais sur les difficultés auxquelles les résidents de la localité, les résidents saisonniers et les excursionnistes font face en matière de partage de l’espace disponible, en particulier sur les quais, les jetées et les ponts.


Certaines personnes ont, dans leur déposition, fait part de leur inquiétude en ce qui a trait à la protection de l’environnement et des stocks de poissons. La protection de l’environnement et des zones de pêche de l’Ontario ne constitue pas seulement un impératif d’ordre moral et environnemental, elle permet également de protéger la source de revenu d’un grand nombre d’Ontariennes et d’Ontariens.


Dans les « régions de chalets », le maintien des stocks de poisson est un enjeu à la fois alimentaire et récréatif. Si l’on ne fait pas respecter les règlements destinés à la conservation des stocks de poisson, c’est le gagne-pain de tout le monde qui en pâtit. (n°21)


En Ontario, la pêche sportive est régie par un ensemble de lois et de règlements complexes pour équilibrer les intérêts récréatifs et économiques avec la conservation à long terme et la gestion des stocks de poisson. La Loi sur la pêche fédérale protège et conserve les poissons et leur habitat. La Loi sur la protection du poisson et de la faune de l’Ontario régit l’émission des permis de pêche. Les pêcheurs doivent s’assurer qu’ils ont obtenu les permis appropriés. Ils doivent également respecter plusieurs règlements relatifs aux dates auxquelles ils sont autorisés à pêcher (début et fin de la période de pêche), aux lieux dans lesquels ils sont autorisés à pêcher; au nombre de poissons d’une espèce donnée qu’ils sont autorisés à attraper et à garder; à la taille des poissons qu’ils sont autorisés à attraper; et au type de matériel et d’appâts qu’ils sont autorisés à utiliser.


Plusieurs personnes ont, dans la déposition qu’ils ont faite auprès de la Commission d’enquête, fait part de leurs inquiétudes relativement à un manque de connaissance et de conscience des lois en matière de pêche, et ont insisté sur le fait qu’il est primordial de mener des campagnes d’éducation et de sensibilisation auprès de l’ensemble des pêcheurs, afin d’assurer la conservation des stocks de poisson. Ces personnes ont par ailleurs exprimé leur énorme frustration vis-à-vis du manque de moyens mis en œuvre pour faire respecter les règlements de pêche. Certaines des personnes ayant effectué une déposition auprès de la Commission d’enquête avaient elles-mêmes contacté dans le passé le ministère des Richesses naturelles (MRN) ou la Police provinciale de l’Ontario (PPO) relativement à plusieurs violations des règlements en matière de pêche, mais en vain.


Je connais personnellement des citoyens ici qui ont essayé de demander au MRN et à la PPO de vérifier les permis sur le terrain, pas seulement ceux des Asiatiques, mais ceux de toutes les personnes qui viennent pêcher ici. Étant moi-même un grand pêcheur agréé, j’estime qu’il est normal que tout le monde paye pour bénéficier de ce privilège. Aucun des organismes n’a véritablement coopéré avec nous. (n°20)


Bien que la conservation et la protection des stocks de poisson soient des objectifs importants à atteindre, il est clair que de nombreuses dépositions invoquant des questions liées à la protection de l’environnement ont des connotations racistes. La Commission s’inquiète du fait que certaines personnes tentent d’invoquer de telles questions pour justifier ou expliquer des agressions ou des marques d’hostilité à l’égard des Canadiennes et Canadiens d’origine asiatique. Encore une fois, il n’existe aucun élément permettant de penser que les Canadiennes et Canadiens d’origine asiatique sont plus susceptibles que les autres de violer les lois en vigueur en matière de protection de l’environnement.